Infirmières de sapeur-pompier, elles témoignent ...

Beaucoup l’ignore mais il est possible d’exercer le métier d’infirmier(e) tout en faisant partie des sapeurs-pompiers. Un(e) infirmier(e) peut en effet si l’envie ou le temps le lui permet, mettre ses compétences au service du Service de santé et de Secours Médical (SSSM). Une façon de valoriser son savoir et de découvrir une facette souvent méconnue du métier d’infirmière.

En Haute-Saône, les premiers infirmiers de sapeur-pompier (ISPV) ont été recrutés en 2003. Ils étaient alors au nombre de 3. Les ISPV sont aujourd’hui 81 dont 68 sont des femmes (soit 84% des effectifs totaux). 3 d’entre elles ont d’ailleurs des doubles engagements.

Sur le terrain, là où les secouristes sont limités à la prise de constantes et à l’application des gestes de premiers secours, l’infirmier(e) peut porter des soins à un niveau supérieur en appliquant les protocoles infirmiers arrêtés par le médecin-chef du SDIS.

Les ISPV constituent donc un échelon de réponse supplémentaire entre les secouristes et le SMUR, permettant de libérer une équipe médicale lorsque le cas dépasse les compétences des secouristes mais ne nécessite pas la présence d'un médecin, et qu'une prise en charge spécialisée peut être faite pour assurer des soins conservatoires, sur protocole, en attendant l'intervention d'un SMUR, plus éloigné.

Par ailleurs, les ISPV sont également amené(es) à :

  • intervenir dans les formations de secourisme et de maintien des acquis (FMA) des autres sapeurs-pompiers,
  • réaliser les tests de biométrie lors des visites d’aptitude des sapeurs-pompiers,


Responsable de la parapharmacie dans leurs centres d’affectation respectifs, ils assurent également le suivi des matériels médico-secourisme et veillent à ce que les règles d’hygiène et les protocoles de désinfection des VSAV et des locaux soient respectés.

Qu’est-ce qui motivent ces « wonder nurse » sapeur-pompier !

Atlantide SEREY
22 ans, diplômée depuis moins d'un an
Débute son engagement

"Mon petit ami est également pompier, alors il est content et fier que nous partagions cette activité professionnelle ensemble. Ma famille est aussi très fière et soutenante pour ce projet. Ils m’ont beaucoup encouragée lorsque j’allais en formation.

ll faut arrêter de penser et de laisser penser qu’il y a une compétition entre les hommes et les femmes pompiers. Parce que la réalité est que sur le terrain, on a besoin de tout le monde, qu’on travaille en équipe et dans le but de secourir une victime, pas d’être meilleur que lui ou elle.

Je ne pense pas avoir d’atout particulier, je pense qu’en équipe nous sommes complémentaires."


Karine JEANNIN
maman de 3 enfants, infirmière depuis 7 ans
2 annnées d'ancienneté

"Le CPI recherchait des volontaires et notamment un(e) infirmier(e). J'ai donc décidé de m'engager car c'est un projet que j'avais depuis plusieurs années. Je souhaitais apporter mon aide, être au service de mon village, dans la rigueur et la bonne entente.

Mes proches appréhendaient un manque de disponibilité, que ce serait trop difficile de tout concilier, mais respectent mon choix car ils me découvrent épanouie dans mon rôle de SPV. Avec de l'organisation et un mari très présent, je n'ai pas de grandes difficultés pour tout concilier, mais je suis volontaire en CPI...  ça serait peut-être différent en CI ou CIP, je ne sais pas.

L'intérêt des formations que nous suivons est de voir qu'on fait partie d'une équipe, qu'on a besoin de tous pour agir, on se rend compte du rôle important de chacun. Ca permet d'acquérir un raisonnement structuré, de se dépasser et de mieux gérer son stress en situation."


Lydie MOUREY
maman de 2 grands enfants, infirmière depuis 20 ans
1 ans 1/2 d'ancienneté

"Les lignes de SMUR qui s’amenuisent, l'envie de de me sentir utile auprès de mes concitoyens ont été les éléments qui ont motivé mon engagement. J’ai aussi trouvé dans ma caserne ce que je n’ai jamais trouvé ailleurs : de la rigueur, de la motivation, de l’entraide, du soutien. De plus, il y a le respect de la hiérarchie. Dans ma garde, on s’entend tous bien avec de nombreux points communs. Il y a une très bonne entente, comme une 2ème famille. Et c’est ce que je recherchais !

C’est parfois complexe de tout concilier. Cela prend beaucoup de temps sur la vie personnelle, mais avec toute la satisfaction que l’on en retire quand on s’est sentie utile . Par ailleurs, je pense que ce côté va encore grandir avec ma position d’ISPV. Je reconnais pourtant que des fois, la fatigue se fait sentir, mais on l’oublie rapidement ! Je me demande encore à l’heure actuelle si le statut d'ISPV ne me convient pas plus que celui d’infirmière en établissement hospitalier.

Merci beaucoup de nous permettre de nous exprimer sur ce sujet qui nous tient vraiment très à cœur."


Mélanie ROLAND
maman de 2 enfants
3 années d'ancienneté

"Je vis dans une famille de SPV : mon conjoint, son papa, son frère et mon frère sont aussi pompier volontaire depuis plusieurs années. Alors les enfants baignent à leur tour dans les camions rouges pour leur plus grand plaisir !

J'ai toujours été dans des petites casernes, qui sont plutôt familiales donc l'entraide est au rendez vous. Avec le temps on se connaît tous, on connaît les craintes et les facilités de nos collègues. On s'arrange toujours entre nous pour que personne ne soit en difficulté et que personne ne reste sur un échec donc une femme ne doit pas faire plus ses preuves qu'un homme. Nous avons une force mentale qui nous permet d'avancer, et n'oubliez pas : un petit bout de femme passe partout, dans une petite lucarne pour permettre d'ouvrir une porte, se faufiler dans une voiture pour rassurer la victime, nous passons dans des trous de souris et parfois cela est très utile sur certaines interventions, Avec les enfants aussi, l'approche est plus simple pour une femme.

Jetez-vous dans le bain. Une fois que l'on a revêtu l'uniforme, on ne peut plus le quitter, sauver devient une addiction et on veut toujours aller plus loin, on se forme, on monte en grade, on assimile davantage de connaissances, plus rien ne nous arrête ! On quitte les repas de famille dès que le BIP sonne, on ne pense plus à rien, juste à aider son prochain..."


Christelle LOMINET
Infirmière depuis 23 ans dont 11 aux urgences du GH 70
8 années d'engagement

"J'ai eu quelques difficultés à faire ma place avec certains sapeurs : "Avant on n'avait pas d'ISPV et on se débrouillait très bien" ... le genre de réflexion qu'on pouvait entendre, mais il faut persévérer et surtout ne pas baisser les bras parce qu'avec le temps, les personnes s'aperçoivent que l'on peut être très utile pour les victimes et que les prises en charge sont différentes notamment avec l'application des protocoles. Et maintenant, j'entend plutôt : "C'est bien que tu sois là, ça rassure ! ". C'est un travail d'équipe qui nécessite des échanges, un dialogue entre équipiers.

Avant de m'engager, j'ai attendu que mes enfants soient autonomes pour qu'ils puissent rester seuls quand je décalais si mon conjoint n'était pas dispo. Mon objectif était de pouvoir décaler au maximum quand le bip sonne. Ce n'est pas un engagement que l'on prend à la légère, cela demande plus ou moins de temps, un investissement personnel pour être efficace, nous devons être disponible.

Mes enfants sont désormais tous les 2 SPV. Mon père, mon grand-père ont été pompiers, mon frère est pompier professionnel. Petite, j'ai même connu la sirène du village qui sonnait pour les informer des inters. Mon grand-père, qui était chef de centre, avait à l'époque, à son domicile, le "bouton" pour déclencher la sirène.

Être une femme pompier, aide à la prise en charge de femmes en situation de détresse, comme être maman pompier rassure les parents d'enfants en difficulté."

 

Vous pouvez également télécharger la plaquette

 "Infirmier de sapeur-pompier volontaire ... pourquoi pas vous ?"

en cliquant sur l'image ci-contre.