Expérimentation VISU : un premier bilan encourageant

Depuis le 15 novembre 2021, une expérimentation portant sur un Véhicule Infirmier de Soins d’Urgence (VISU) est en cours sur un secteur géographique allant de Port-Sur-Saône à Jussey.

Face à la multiplication des demandes de secours et soins d’urgences aux personnes (SSUAP) et aux délais parfois importants avant la médicalisation de ces secours qui imposent de recourir de plus en plus fréquemment à nos moyens de secours infirmiers, les élus du bureau du CASDIS ont acté, en octobre 2021, le principe d’une expérimentation d’un Véhicule Infirmier de Soins d’Urgence.

Ce véhicule, dont l’équipage est composé d’un infirmier et éventuellement d’un conducteur d’astreinte, est déclenché, dans le cadre du SSUAP, principalement par le CODIS pour toute situation d’urgences vitales ou estimée comme telle par l’opérateur, mais aussi à la demande du CRRA 15. Il peut également être amené à assurer, sur son secteur, le Soutien Sanitaire Opérationnel (SSSO) lors d’opérations « incendie ».

Le dispositif consiste en une astreinte à domicile 24h/24h et 7J/7, partagée entre les quatorze infirmiers sapeurs-pompiers du secteur. Cette expérimentation permet aux équipages VSAV intervenant sur des détresses vitales de bénéficier d’un renfort paramédical. Les infirmiers engagés travaillent sur protocole et disposent, dans leur véhicule, de l’ensemble des dispositifs médicaux et médicaments nécessaires : sac infirmier avec une trousse de médicaments d’urgence, moniteur multiparamétrique défibrillateur, planche automatisée de massage cardiaque, détecteur de monoxyde de carbone sanguin, etc…

Cette expérimentation n’a pas rencontré d’obstacles majeurs et les premières données recueillies s’avèrent très encourageantes. En effet, du 15 novembre au 31 décembre 2021, le VISU a réalisé 78 interventions. Les délais moyens d’intervention sont de 17 minutes. Sur le secteur d’intervention du VISU, 154 intervention VSAV pour des missions de soins et secours d’urgence aux personnes (SSUAP) ont été réalisées. Le VISU a été un appui des équipages dans 50% de celles-ci.

L’analyse de la répartition des interventions sur 24 heures montre que 28 % de déclenchements concernent la plage horaire comprise entre 20h00 et 08h00 du matin confirmant l’intérêt de disposer d’une astreinte de 24 heures et pas seulement de 12 heures en journée.
Les pathologies prises en charge sont variées. Elles sont, dans 46 % des cas, en rapport avec une urgence vitale. Sans surprise, les difficultés respiratoires et les douleurs thoraciques figurent au premier plan mais au cours des 3 premiers mois de l’expérimentation, les infirmiers sapeurs-pompiers ont également eu à prendre en charge des ACR, des comas avérés, des détresses respiratoires aigües, des états épileptiques sévères, un accouchement mais aussi un brûlé grave. Ces interventions ont toutes donné lieu à l’initiation d’un PISU.

Au cours de la période d’expérimentation, 44 protocoles ont été engagés :

Il est d’ailleurs important de noter que seulement 16 interventions (soit 20% des interventions totales du VISU) ont nécessité un renfort du SMUR.

Lors de prise en charge de détresses vitales et, en particulier lors d’Accidents Cardio-Respiratoires (ACR), l’infirmier de sapeur-pompier engagé avait déjà réalisé des gestes d’urgence et des traitements avant l’arrivée du médecin permettant ainsi de gagner de précieuses minutes. Parmi les détresses vitales avérées prises en charge par les ISP, seulement 12 (soit 30 %) ont bénéficié d’un renfort médical sur place.

Cette expérimentation démontre tout l’intérêt de disposer en permanence d’un appui paramédical et le rôle déterminant de l’infirmier de sapeur-pompier qui constitue un maillon essentiel lors des interventions SSUAP. L’ISP a aussi toute sa place dans l’apport de compétences propres, en appui des secouristes, notamment dans le traitement de la douleur.

Cette expérimentation a également permis au SDIS de s’assurer qu’un système d’astreinte à domicile était réalisable. Un système qui, par ailleurs, a le mérite d’ancrer l’infirmier de sapeur-pompier dans le paysage de l’urgence préhospitalière. Au-delà, l’analyse des données qui démontre la pertinence de l’engagement de l’ISP et la plus-value incontestable qu’il représente pour les missions de secours et soins d’urgence aux personnes, permet d’envisager le déploiement à court terme d’autres VISU sur le département.

Ces premiers résultats encourageants seront présentés aux membres de la commission spécialisée "Secours et soins d'urgence aux personnes" qui se réunira le 7 mars prochain.

Le vendredi 4 février 2022, c'est l'équipe du VISU qui prend en charge un accouchement
sur un parking à Port sur Saône. Le bébé et sa maman se portent bien.